Le chouchou à Salazie. À La Réunion, le chouchou évoque systématiquement le cirque de Salazie. Et pour cause, il y règne en maître et les conditions climatiques semblent idéales à sa prolifération. Cultivé dès le début du XXe siècle par des agriculteurs à la recherche de nouvelles ressources suite à la crise économique qui affecte l’île, le chouchou se révèle être un légume exceptionnel dans lequel toutes les parties sont utilisées, ce qui lui vaut le drôle de surnom de « cochon végétal ».
La racine ou « patate chouchou » sert à la confection de gâteaux et les pousses donnent les fameux « brèdes chouchou ». Son fruit à la chair fraîche et blanche se cuisine très facilement et les tiges séchées sont utilisées pour l’artisanat. La pulpe du fruit est également utilisée en masque pour le visage.
Initialement cultivé sur des treilles, le chouchou est une plante grimpante qui prospère dans les régions fraîches et qui n’a pas besoin de beaucoup d’entretien pour produire et se reproduire. Il pousse même à l’état sauvage, couvrant le sol d’un tapis de verdure caractéristique à Salazie d’où vient plus de 90% de la production locale.
Cru ou cuit, le chouchou se met à table
Découpé en grosses tranches, en lamelles, en cubes ou encore “battu”, le chouchou se cuisine de toutes les façons : en gratins, salades, daubes, gâteaux ou encore en confitures. Dans un cari, le chouchou apporte une saveur supplémentaire à la viande dans le poulet chouchou ou la morue par exemple.
Cru et coupé en tranches, il est mis dans du vinaigre pour en faire des achards. Enfin, les jeunes pousses tendres, appelées « brèdes chouchou » sont roussies et préparées en fricassé ou en bouillon.
Composé à 90% d’eau, le chouchou est très apprécié sur le plan diététique car c’est un aliment très peu calorique, riche en potassium et en vitamine C.
Astuce : pensez à éplucher le chouchou sous un filet d'eau, ou alors, après cuisson.
Trail de chouchous à Salazie
L’art du tressage de la paille chouchou est un savoir-faire qui se transmet de génération en génération à Salazie.
Au début du XXè siècle, le chouchou cultivé à Salazie est un véritable moteur économique pour le cirque. Connue sous le nom de “paille d’Italie” parce qu’elle transitait par ce pays, la paille était vendue aux chapeliers d’Europe. Après cette période où l’on vendait cette matière première plus ou moins brute, l’artisanat se développa et la confection de paniers, chapeaux, capelines, bertels et de robes pour poupées a marqué plusieurs générations.
Pour obtenir la matière première, la liane de chouchou est coupée en deux dans le sens de la longueur. La tige est ensuite soigneusement lavée et séchée, pour se transformer en une fibre soyeuse de couleur blanche argentée et donner des rubans de paille prêts à être travaillés.
Le tressage de la paille chouchou demande alors encore beaucoup de patience. Pour un seul chapeau, près de 10 mètres de pailles tressées sont nécessaires ce qui représente une vingtaine d’heures de travail pour en confectionner un seul.
Aujourd’hui, un petit nombre de tresseuses continue de perpétuer la tradition et pour sauver ce patrimoine, la paille chouchou se modernise et se met au goût du jour en se déclinant en objets plus modernes comme des pochettes pour portable ou pour chéquier, des porte-passeport, des boucles d’oreilles ou encore des petites boîtes.
La Fête du Chouchou : un évènement traditionnel
A La Réunion, nombreuses sont les fêtes mettant à l’honneur les produits locaux. Et à Salazie, c’est dans le magnifique petit village d’Hell-Bourg que le chouchou se fête chaque année.
Manifestation à fort caractère économique et agricole, la Fête du Chouchou est l’occasion de mettre en avant les agriculteurs qui viennent y écouler leur production et les artisans qui partagent leur savoir-faire autour de cette plante en matière de transformation culinaire et artisanale.